Les Moulins à Leers
Dans l’état actuel des recherches, il n’est pas possible de dire à quelle date fut érigé le premier moulin à Leers.
Ce que l’on sait de manière certaine c’est que parmi les fiefs de Leers, au moyen âge, on notait celui dit « du moulin » ce qui témoigne de la présence d’un édifice de ce type sur ce fief.
Ce fief du Moulin appartenait avant 1425 à Jean Abonnel, receveur général des finances de Philippe, duc de Bourgogne, comte de Flandre. Jean Abonnel, originaire de la région de Guyenne, était venu servir en Flandre et y avait épousé Jeanne Troye, dame de la Boutellerie.
Ils eurent deux filles, l’aînée épousa Antoine de Lannoy, seigneur de la Motterie à Leers, elle lui apporta en dot le fief du Moulin.
Les archives témoignent de la présence à Leers de cinq moulins au cours des siècles. Le premier document daté de 1387 a trait au moulin du fief cité ci-dessus.
Essayons de situer l’installation des moulins à Leers dans un ordre chronologique, avec toutes les réserves que suppose cette prétention en l’absence de documents certains à ce sujet.
Le moulin de la Mottelette est très probablement le plus ancien. Il correspond au moulin du fief de Jean Abonnel. Construit en bois, orientable à sa base, maintes fois restauré, il fut démoli vers 1912.
Le chanoine Monteuuis, dans son « Histoire de Leers » écrit qu’en 1566, le 19 mars, un certain Jean Outre le Winne fut autorisé à construire un « tordoir ». Or on trouve en 16O1 la citation d’un Jean Doutreligne fils de Jean, qui exploite deux moulins à vent, tandis que les pierres tombales de l’Église de Leers gardaient le souvenir de Guillaume Doutreligne, meunier de Fournette décédé le 9 janvier 1658.
Les moulins de Fournette (car il y avait un moulin à blé et un moulin à huile) étaient situés sur la partie de Leers devenu territoire de la Belgique. Il n’en reste malheureusement plus rien.
Les deux autres moulins de Leers paraissent de construction plus récente.
Le moulin à huile de la famille Salembier situé sur les terres de la ferme de Quévaucamp figure sur le plan cadastral de 1825. Il est certainement antérieur et date vraisemblablement de la fin du XVIIIème siècle.
Le moulin de briques, le seul qui subsiste, n’est pas cité avant le XVIIIème siècle, mais il est possible qu’il soit plus ancien.
Cet édifice de bois fut détruit par une tempête en 185O et reconstruit en briques en 1852. On lira ci-après l’histoire de sa réhabilitation.
Tels sont les éléments connus de l’histoire des moulins de Leers.

Le Moulin de Leers
Symbole de la commune, il dresse sa fière silhouette entre les quartiers du « Buisson » et du « Vert bois ».
On ne connaît pas la date de sa construction. Il n’apparaît pas dans les comptes de 1601.
Au XVIIIème siècle c’était un édifice de bois qui semble avoir appartenu durant plusieurs générations à la famille Fourez.
En 185O il nécessitait d’importantes réparations, mais une tempête survenue cette année eut raison de ce géant et il fut détruit par l’ouragan entraînant dans sa chute la mort d’un ouvrier occupé à y faire des réparations.
Le 7 Juillet 1851, sa propriétaire Lucie-Marie Deleneste veuve de Simon-Hubert Fourez fut autorisée à le reconstruire en briques. Leur fils également nommé Simon-Hubert Fourez lui succéda et le transmit par la suite à son neveu Arthur Derache.
En octobre 1914, Arthur Derache qui faisait tourner son moulin par moments seulement en raison de la pénurie de grains fut accusé par les Allemands de transmettre des signaux par le mouvement des ailes de son moulin. Il put se justifier, mais cessa toute activité meunière jusqu’à la fin des hostilités.
Dès 1929 le moulin n’eut plus d’activité et les années et les intempéries le mirent à mal.
En 1971 il tombait en ruine. Acheté par la municipalité, celle-ci organisa en 1973 un référendum auprès de la population qui approuva par 76 % de oui la restauration du moulin.
Les travaux terminés en 1975 donnèrent lieu à une fête d’inauguration le 13 juin 1976.
Chaque année depuis cette date se déroulent à Leers en juin les Fêtes du Moulin.
– 1387 –
Ci-dessous nous présentons un extrait du plus ancien document connu faisant état de la présence d’un moulin à Leers.
Il s’agit du terrier de la Seigneurie de Kevaucamp conservé aux Archives de l’État à Namur (Belgique) dans le fonds de Corroy-le-Château référence nº 2971.

Voici la transcription :

La parcelle de terre en question, d’une superficie de 7 cents, était donc voisine des terres du moulin de Leers.
– 1574 –
On sait qu’une bonne partie des terres de Leers appartenaient à l’abbaye d’Hasnon dont les armoiries ont d’ailleurs été reprises par la commune par la suite.
Les archives conservent un certain nombre de documents qui témoignent de cette situation.
Celui qui suit est extrait des registres des rentes dues par les moines de l’abbaye.

dont la transcription suit :

Il s’agit, manifestement toujours du même moulin proche des terres de Kevaucamp devenu Quevaucamp.
– 1601 –
Les Archives Départementales du Nord conservent dans le fonds dit « de Flandre Wallonne » les comptes des 20èmes de l’an 1601 sous la référence C.1547.
Il s’agit de titres d’imposition portant sur les biens fonciers ayant fait l’objet d’une déclaration des propriétaires et des occupants.
Ceux qui concernent Leers situent bien les propriétés de l’époque. On y apprend l’existence de deux moulins dans notre commune.
Le texte est le suivant :

dont voici la transcription :

– 1658 –
Comme toutes les églises anciennes/celle de Leers conservait un certain nombre de pierres tombales rappelant l’inhumation des paroissiens décédés au cours des siècles.
À la fin du 19ème siècle, d’éminents chercheurs firent le relevé de toutes ces pierres funéraires et cette initiative louable a permis de sauver de l’oubli beaucoup d’inscriptions aujourd’hui disparues.
Si Leers a conservé dans son église rénovée un certain nombre de ces pierres tombales, d’autres n’ont pas résisté à l’usure du temps; il en est ainsi de celle de Guillaume Doutrelingne, meunier de Fournette à Leers décédé le 9 janvier 1658 à l’âge de 5O ans, de son fils et de l’épouse de celui-ci.
Voici le texte de la pierre tombale disparue :

Ce témoignage permet de bien situer l’une des familles de meuniers de Leers.
– 1741 –
Le 12 juillet 1741, il fut procédé à Leers comme à l’accoutumée, à la mise aux enchères du droit de perception des dîmes de l’Abbaye d’Hasnon.
Le document relatif à cette adjudication a été conservé aux Archives Départementales du Nord, il expose les conditions de prise en charge de la recette des dîmes et le détail de chacune des branches, c’est-à-dire les limites de chacune des circonscriptions.
On y apprend que la branche de Wattinnes (de la ferme du même nom) comprenait dans sa part le moulin de Fournette dont il a déjà été question précédemment.

Les descriptions de chacune de ces branches nous citent un ensemble de lieux-dits dont une bonne partie est encore en usage aujourd’hui.
– 1755 –
Les Archives Générales du Royaume à Bruxelles conservent sous la référence » Jointe des Amortissements pour les Eglises et Pauvres du Tournaisis » n° lO16, un ensemble de documents dont nous avons extrait la » Déclaration des Gens de Loy du Village de Leers-Tournaisis des biens qui appartiennent à l’Église du dit lieu « .

Nous donnons la transcription :

Il s’agit ici du moulin de la Mottelette.
– 1770 –
Lors des discussions relatives à la signature du Traité des Limites de 1769 à 1779 au cours desquelles la fixation des frontières de la France aboutit à la partition de Leers, il fut établi un grand nombre de documents situant les caractéristiques des terres qui faisaient l’objet des contestations.
Nous présentons ci-dessous un extrait de l’état établi le 26 janvier 177O pour les terres de Leers :

En voici la transcription :

– 1770 –
Nous donnons ci-contre ce qui a trait au Moulin de la Mottelette dans l’état des terres dépendantes du Tournaisis sises à Leers.

Voici la transcription :

Famille de COURCHELLES
La famille de COURCHELLES exploita durant plusieurs générations le moulin de la Mottelette à Leers.
II s’agit d’une très ancienne famille de meuniers, car les archives de Wattrelos (A.E. Gand, Fonds de l’abbaye de Saint-Bavon) nous apprennent qu’en l’an 1432 le meunier de Wattrelos était déjà un nommé Jehan de COURCHELLES.
C’est sans doute à la même famille qu’appartiennent les censiers de Beaulieu à Wattrelos cité en 1416 en la personne d’un Pierre de COURCHELLES.
À Leers on connaît Bernard de COURCHELLES, décédé en 1571, laissant de son épouse Barbe de La MOTTE, 7 enfants prénommés: Bettremieu, Jehan, Isaac, Rolland, Cyprienne, Marguerite et Jehanne. Il semble qu’à cette époque les de COURCHELLES n’exploitaient pas encore le moulin de la Mottelette, car en 1577 le meunier est Anthoine CARPENTIER, fils de François.
Le premier de COURCHELLES dont on est certain qu’il fut meunier à Leers est Jacques de COURCHELLES, fils de Rolland cité ci-dessus. Jacques de COURCHELLES avait épousé Arme BATAILLE, dont il eut 8 enfants: Mathias, Dominique, Frédéric, Jehan, Anthoine, Marie, Anthoinette et Jehanne.
C’est le troisième fils, Frédéric, qui succéda à son père comme meunier. Par la suite, on trouve Pierre-Joseph de COURCHELLES qui épousa Marie-Elisabeth TRENTESAUX, auquel succéda leur fils également prénommé Pierre-Joseph qui épousa à Leers le 28/1/ 1749, Marie-Josèphe BRABANT. Il mourut à Leers le 12 Floréal An 9 de la République âgé de 78 ans.
C’est son fils, un troisième Pierre-Joseph de COURCHELLES qui devint le meunier. Il avait épousé à Leers le 25/7/1796 Marie-Anne-Joseph SALEMBIER.
Le moulin de la Mottelette resta encore quelque temps dans la famille de COURCHELLES pour devenir ensuite propriété de la famille SALEMBIER. Il fut démoli en 1912.
Famille DOUTRELIGNE
La présence de la famille DOUTRELIGNE à Leers, commence avec Jehan DOUTRELIGNE qui obtint le 19/3/1566 l’autorisation d’édifier un « tordoir ».
Ce Jehan DOUTRELIGNE eut un fils, également prénommé Jehan, qui, en 16O1, exploitait pour le compte de son père deux moulins à vent. Il s’agit là des moulins de Fournette, un moulin à blé et un moulin à huile.
La troisième génération des meuniers DOUTRELIGNE est représentée par Guillaume DOUTRELIGNE, meunier de Fournette et laboureur; il avait épousé Catherine DESPLANQUES. Il mourut à Leers le 9/1/1658. Sa pierre tombale se trouvait sur le mur extérieur de l’église, du côté de l’épître. Elle évoquait son souvenir et celui de son fils Jacques DOUTRELIGNE décédé à Leers le 1/1/1716 âgé de 7O ans qui avait épousé en premières noces Catherine LECLERCQ, et après le décès de celle-ci, en secondes noces à Néchin le 23/6/1671 Marie BRACAVAL, fille de Philippe et de Barbe DALECROIX.
Du second lit, on connaît :
- Philippe DOUTRELIGNE qui épousa Marie-Anne DESREVAUX, veuve de Valentin DELERUE, meunière de Néchin.
- Elisabeth DOUTRELIGNE qui épousa Jean FOUREZ, de la famille des meuniers de Warcoing (voir l’étude sur cette famille) et qui s’installa à Leers.
Lors de la séparation de Leers en deux localités ( Leers France et Leers-Nord Pays-Bas puis Belgique) les moulins de Fournette se trouvèrent dans la partie rattachée aux Pays-Bas.
Ils ont à présent complètement disparu.
Leur emplacement est repérable dans le plan très sommaire conservé aux Archives de l’état à Tournai en regrettant qu’il constitue le seul document connu permettant de les situer.
Famille FOUREZ
La famille FOUREZ qui exploita à Leers le moulin de briques n’apparaît dans la commune qu’à la fin du 17ème siècle.
En fait, les FOUREZ étaient meuniers à Warcoing, et c’est une branche de cette famille qui vint s’installer à Leers où elle exerça la même profession. Il n’est pas certain que ce sont les FOUREZ qui firent édifier le moulin construit en bois sur la butte située au bord de la route appelée actuellement rue Hoche. Ce moulin n’est pas cité dans les comptes des vingtièmes de 16O1, il est donc postérieur à cette date.
Jacques FOUREZ, originaire de Warcoing, était le père de Jean FOUREZ qui épousa à Leers le 17/9/17O1 Elisabeth DOUTRELIGNE de la famille des meuniers de Fournette à Leers.
Un autre FOUREZ, prénommé Jean-Baptiste, épousa à Leers le 24/11/1722, Ernestine DILLIES, fille du Bailly de Leers.
Leur fils, Simon-François FOUREZ, meunier, âgé de 34 ans, épousa à Leers le 25/11/1774, Marie-Christine MULLIER.
Leur fils, Simon-Hubert FOUREZ, épousa en premières noces, Séraphine TRUFFAULT, puis, après le décès de cette dernière, Lucie-Marie DELNESTE.
C’est cette seconde épouse, devenue veuve en 1845, qui releva le moulin détruit par la tempête en 185O, et le fit reconstruire en briques en 1852. Son fils, également prénommé Simon-Hubert lui succéda.
Le moulin passa ensuite à la famille DERACHE.
Un autre fils de Simon-François FOUREZ et de Marie-Christine MULLIER Jean-Baptiste FOUREZ, exploita un moment (vers 1775) le moulin de la Mottelette comme locataire de la famille de COURCHELLES qui fut repris par la suite par l’un des fils de cette famille.
Famille SALEMBIER
La famille SALEMBIER qui donna deux maires à Leers est originaire de Flers-lez-Lille.
C’est en 1747, que Pierre SALEMBIER, alors âgé de 24 ans, fils de Piat SALEMBIER et de Marie-Constance DOTHOIT, épousa en l’église de Leers le 11/4/1747, Marie-Barbe BRACAVAL fille de Thomas BRACAVAL, censier de Quévaucamp, et de Marie-Barbe DILLYS.
Le jeune ménage s’installa à la ferme de Quévaucamp où Pierre SALEMBIER succéda à son beau-père à la tête de la ferme.
Leur fils, Louis-Joseph SALEMBIER, né à Leers le 1O/7/ 1756, succéda à ses parents à la censé de Quévaucamp, il avait épousé Catherine BEGUIN. Il fut maire de Leers de mars 1808 à octobre 1815, puis du 31 décembre 1821 au 24 décembre 1831.
Son fils, Henri SALEMBIER, également fermier de Quévaucamp, époux d’Augustine D’HALLUIN, fut maire de Leers du 22 août 1848 au 27 novembre 1890, date de sa mort.
La famille SALEMBIER fut propriétaire de deux moulins à Leers : le moulin de la Mottelette précédemment exploité par les de COURCHELLES, et le moulin à huile situé de l’autre côté de la route, presque en face du premier.
Ces deux moulins ont à présent totalement disparu.
La famille SALEMBIER joua durant plus d’un siècle un rôle important à Leers. Deux de ses membres siégèrent durant 60 ans à la tête de la commune. Elle était également propriétaire d’une importante briqueterie appelée « Briqueterie de la Mottelette ».
Elle compta un ecclésiastique, le Chanoine Louis SALEMBIER, né à Leers le 7/3/1849, fils d’Henri SALEMBIER et d’Augustine D’HALLUIN, qui fut professeur d’histoire à l’Université catholique de Lille et auteur de plusieurs ouvrages historiques.
Deux frères d’Henri SALEMBIER, maire de Leers, furent également premiers magistrats de leur commune, l’un à Marquette (Louis SALEMBIER) l’autre à Baisieux (François SALEMBIER).
Le moulin de la Mottelette
Au début du siècle, un autre témoin de la puissance agricole de Leers se dressait encore « à la Mottelette » il s’élevait sur le chemin menant de Leers à Wattrelos (aujourdhui rue de Wattrelos côté opposé à la Résidence Champagne).
Ce vieux moulin probablement le plus ancien des moulins de Leers, gentille construction en bois, pittoresque et beau dans sa simplicité, était tout pareil à ces moulins de Flandre, dont nous retrouvons de nombreux vestiges dans notre région.
Beaucoup de vieux Leersois ont connu ce monument de l’histoire de Leers, intimement mêlé à la vie de la commune durant p1usieurs siècles »
Depuis le XVe siècle. , il fut la propriété successive des Seigneurs de Leers, qui se le transmirent de famille en famille jusqu’à la révolution
Vers 1780,, des réparations avaient été rendues nécessaires et, sur une poutre maîtresse, une indication permettait de déterminer qu’un charpentier, du nom de BOURGOIS, avait effectué les travaux de restauration.
Après la tourmente révolutionnaire, le moulin devint la propriété de différents notables qui continuèrent à 1’exploiter.
Ses derniers propriétaires furent les SALEMBIER, il cessa ses activités en 1897 et il fut démoli en février 1909.


Les Festivités des 9 et 10 mai 1959 et de la création du Géant Don Carlos Philippe de la Mottelette.
Le quartier de la Mottelette, autrefois si joyeux, dont les farces et la bonne humeur allaient de pair, avait perdu depuis longue date, de sa vigueur et de son entrain, et il importait donc de le tirer de son état léthargique par un énergique baume reconstituant, qui n’était autre, que l’organisation de festivités.
A une tâche qui, quoiqu’on en dise, n’était pas facile, s’ajoutait la question pécuniaire très obscure et incertaine. Par une opiniâtre ténacité, les obstacles furent heureusement surmontés, et c’est ce qui a permis de réaliser le programme des festivités des 9 et 10 mai 1959 et de créer le géant du Quartier qui est aujourd’hui la propriété de la Ville