De l’histoire du buffet de l’orgue de l’église Saint Vaast, nous n’avons que peu d’éléments sinon que celui-ci est de style XVIIIème, en bois de chêne clair.
Il comporte trois tourelles de cinq tuyaux. La plus petite, placée au centre est coiffée de trophées d’instruments de musique : violon, trompette et flûte. Elle est encadrée de deux plates-faces de neuf tuyaux chacune.
Les deux tourelles extérieures sont coiffées de corbeilles de fleurs.
Les lignes courbes des entablements donnent beaucoup d’élégance à l’ensemble de ce buffet dont on ne sait pas s’il appartenait à l’église avant la révolution !
L’intégralité de la partie mécanique et le matériel sonore important de cet orgue datent de 1856.
En effet, les Facteurs Constantin et Théophile Delmotte installés à Saint Léger (Belgique) signent le 8 juillet 1856 le contrat de construction de cet instrument à deux claviers de 54 touches.

Cet instrument coûta 3500 francs et fût inauguré le 14 février 1857.
Dix ans plus tard, en 1866, les frères Delmotte adjoindront deux jeux supplémentaires au clavier à pédales et modifieront le buffet en le prolongeant et en l’élargissant afin de pouvoir y loger ces nouveaux occupants.

Afin de satisfaire aux exigences du public et des organistes, cet instrument a subi des modifications à diverses reprises et non seulement lors de sa réinstallation dans le chœur après le démontage de la tribune de l’église en fin 1969.
En 1927 : Mise en place d’une soufflerie électrique suivie 3 ans plus tard par le remplacement des tuyaux d’étain de façade de l’orgue dérobés en août 1917 par l’occupant !
Début 1950 : » Les cent tuyaux en bois sont affaiblis sous l’action très lente mais inéluctable des vers. Ils sont rongés jusqu’à la moelle, même la charpente de l’instrument est touchée. » Il faut une restauration pour éviter une dépense catastrophique plus grande «
Novembre 1969 : le Service antiquités et objets d’art non classés inscrits à l’inventaire départemental envoie un courrier à Monsieur le Maire de Leers.
Monsieur le préfet de la région nord signe l’arrêté préfectoral ci-dessous :
» Sur la proposition de Monsieur le Conservateur . . . , les objets mobiliers ci-après désignés sont inscrits à l’inventaire du département des Antiquités et objets d’art non classés par l’état : orgues XVIIIème siècle, hauteur 5 mètres, largeur 2,85 mètres, profondeur 2 mètres.
Monsieur le Maire ainsi que l’affectataire des objets classés sont chargés de l’exécution du présent arrêté. Fait à Lille, le 3 novembre 1969, signature : le préfet «
Janvier 1970 : Lors des grands travaux de restauration de l’intérieur de l’église, l’orgue est descendu de son piédestal de la tribune pour être restauré et installé à gauche du chœur.
» Un délicieux buffet d’orgues du XVIIIème tant de fois reverni qu’il en était noir, il fut décapé par les habitants de Leers «
En 1989 : Nouvelle restauration de l’orgue : remise à nu du buffet et réparation des tuyaux.
Le clocher et son coq
Vers l’an 410, les Goths envahissent l’empire romain, ils ont coutume d’élever des coqs sur les tours des lieux qu’ils soumettent. On suppose qu’est venu ensuite l’usage d’installer un coq en forme de girouette sur les clochers des églises.
Cette tradition se perpétue évidemment dans le village de Leers.
En 1703 le coq apparaît au-dessus de la croix du clocher sur le fameux plan figuratif des terres et héritages situés à Leers et à Néchin, tenus du Fief et Seigneur de Tressin, appartenant à l’abbaye de Los et du fief du Prêt.

En avril 1883, l’architecte F. Deregnaucourt adresse à Monsieur Salembier D’Halluin, maire de la commune, un devis pour la réparation de la tour, la flèche et la toiture ; ce devis est approuvé en préfecture le 23 juillet 1884. Il est fait mention « de peinture et redorure du coq »
Pendant la seconde guerre mondiale le clocher de l’église subit d’importants dégâts comme l’indique le constat dressé par l’architecte Marcel Spender : « des dommages causés par les bombardements et explosions des routes en mai 1940 ; de nombreuses ardoises sont brisées par la chute d’éclats d’obus de la D.C.A. Le clocher a particulièrement souffert et de nombreux éclats l’ont traversé. »
Monsieur le maire E. Duez, Monsieur le curé Paul Devulder doivent gérer ces événements et un nouveau coq est réalisé en cuivre de 75×55 cm par l’entreprise Robert Maquet, rue du Grand Chemin à Roubaix. Sur la queue du coq on peut lire l’inscription suivante : « JE SUI NE LE 18 .. 4 .. 1944 » qui indique la date de sa réalisation.
Après les péripéties de l’année 1960 à propos des « pour ou contre » le maintien de l’église et de sa tour, le coq est finalement descendu le 25 novembre 1961 pour être rénové
Le 20 décembre 1962, le coq est fixé au sommet d’une croix de 1 m 90 et on fixe sur son dos un paratonnerre.
Le 27 février 2007, l’architecte Nathalie T’Kint, décide de le faire descendre à nouveau pour un brin de toilette. Après quelques jours passés sur la terre ferme, il a reconquis sa place au sommet de l’église le 16 mars 2007 au matin, à 50 m de hauteur.
La rénovation de l’église Saint Vaast

L’Église SAINT-VAAST de LEERS dont la rénovation vient de s’achever a été cette année le site le plus visité lors des journées du Patrimoine, les 15 et 16 septembre 2007.
Après dix mois de travaux, une partie du bâtiment, comprenant, la tour, la flèche et l’abside a retrouvé une nouvelle jeunesse.

Au fil de l’histoire, l’Église a vue son architecture se transformer et s’enrichir, ceci grâce au travail de différents bâtisseurs, qui ont su effacer les traces d’incendies, de bombardements, mais aussi les dégâts causés par les intempéries qui au cours des siècles ont ravagés l’édifice. Il a donc fallu reconstruire et différentes marques témoignent des reconstructions successives, ce qui aide à les situer dans le temps.

La Croix de Saint André par exemple, que l’on retrouve à divers endroits de l’édifice, était le signe des bâtisseurs du 15 ème siècle, reconnaissable grâce à l’utilisation de pierres brûlées au sel, donc plus noires que les autres, elle a donc permis aux historiens de dater une partie de l’Église Saint-Vaast.
A d’autres endroits, ce sont des dates gravées dans la pierre qui permettent elles aussi de donner un âge aux différents travaux de reconstruction.
C’est ce type de détails passionnants que le public a pu découvrir au cours de trois visites guidées, assurées par des membres de LEERS HISTORIQUE : Jean Marie Duvillier, Marcel Florin et Guy Haquette.
Les nombreux visiteurs (plus de 170) ont pu ainsi revivre et comprendre l’histoire de cette Église, autant par la visite intérieure qu’extérieure.
Pour mieux faire comprendre au public l’importance des travaux de restauration qui ont duré 10 mois, les membres de Leers Historique ont préparé une exposition de plus de 100 photos avant les travaux : les fissures, la vétusté, la flèche, le coq, qui eux aussi avaient beaucoup souffert, ainsi que des photos témoignant de l’évolution des travaux.

Les visiteurs ont pu également admirer une maquette de l’église à l’échelle 2/100 ème, qui était exposée sous le porche et qui est l’oeuvre de Robert Deblieck