1800 – 1850 l’évolution démographique
Brossons le tableau démographique du village durant cette période en nous aidant de l’histoire de Leers de l’Abbé Montéuuis, des données statistiques départementales du Nord de : Dieudonné et des dénombrements.
Année 1801 |
1015 habitants |
503 hommes 502 femmes 10 militaires 141 maisons 241 ménages |
Année 1803 |
107 habitants | |
Année 1804 |
1389 habitants |
286 maisons 291 ménages |
Année 1806 |
1389 habitants |
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Année 1920 |
1432 habitants |
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Année 1830 |
1582 habitants | dont 122 secourus et 10 mendiants |
Année 1836 |
1991 habitants |
1015 hommes 976 femmes 444 foyers |
Année 1841 |
2225 habitants |
1141 hommes 1084 femmes Catholiques : 2029 Protestants : 16 |
Année 1844 |
2440 habitants |
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Pas de recensement en 1846.
Nous n’avons pu résister à vous livrer ce tableau de la population des quartiers (recensement de 1841) car certains lieux-dits ont disparu de la mémoire collective.
Quartiers |
Ménages |
Masculin |
Féminin |
Le Nouveau Jeu | 62 | 144 | 131 |
La Place | 51 | 116 | 126 |
Le Petit Tourcoing | 46 | 101 | 121 |
Hameau de Gibraltar | 28 | 68 | 70 |
Le Bouquet à Sorcières | 7 | 19 | 13 |
Hameau de la Pte Frontière | 13 | 37 | 31 |
Hameau Doulens | 19 | 61 | 57 |
Hameau de la Papinerie | 70 | 189 | 169 |
Hameau de la Motelette | 40 | 89 | 86 |
Trieu de Leers | 32 | 82 | 87 |
Trieu Boulet | 26 | 67 | 56 |
Hameau du Buisson | 9 | 33 | 21 |
Trieu de Carihem | 36 | 93 | 83 |
Hameau du Vert Bois | 19 | 42 | 33 |
458 | 1141 | 1084 |
Nous retrouvons bien nos 2 225 habitants.
A l’examen de ces chiffres nous constatons qu’entre 1801 et 1850, la population leersoise a plus que doublé avec une augmentation de 1425 personnes, soit une progression de 140,39 %.
Nous avons relevé comme vous la variation importante des chiffres entre 1803 et 1804 avec une augmentation de la population de près de 40 % et un nombre de maisons qui a été multiplié par 2.
Nous n’avons pas d’explication à vous donner.
Peut-être ne s’agit-il que d’un manque de véracité des chiffres antérieurs. Il peut y avoir eu un apport « d’étrangers» mais dans ces proportions, nous n’y croyons pas trop d’autant que le nombre d’habitations a également fortement augmenté.
Nous revenons un instant sur le tableau de la population des quartiers.
Comme nous, vous avez été surpris de lire « Le Bouquet à Sorcières ».
Pourquoi une telle dénomination ? La question reste posée Il n’empêche que deux idées viennent de suite à l’esprit. Qui y habitait ? Où se trouvait-il ?
Le recensement de 1841 mentionne « 7 ménages » :
Meurisse Leurent
Lefèbvre Alexandre
Dutriez Joseph
Mathon Ferdinand
Samain Eléonore
Bourgois J.Joseph
Vigin Alexandrine
Les recherches et comparaisons avec le recensement de 1 851 nous ont permis de retrouver au lieu-dit : « Le Vert Chemin» (c’est évidemment plus poétique et moins troublant), les 7 maisons avec Cinq noms de famille repris ci-dessus :
Bourgois épouse Vigin
Vanhoteghem épouse Samain Eléonore
Ruquoit épouse Calin
Decourcelle épouse Delaplace
Leclercq épouse Chanlène
Lefèbvre épouse Germain
Mathon épouse Bodart
Aujourd’hui, si le cœur vous en dit, vous pouvez faire une petite promenade à pied, côté Gibraltar Gauche. Vous prenez la rue du Chemin Vert (en macadam) qui délimite la France et la Belgique et à l’intersection du sentier de Leers à la Royère (G4), en plein champ, dans une plaine magnifique vous découvrirez encore cinq maisons et peut-être encore les S ….. Lieu appelé ensuite «ARNIL» (dépendances).
Les graphiques ci-après, nous permettent de connaître l’évolution du nombre des naissances, des décès ainsi que celui des mariages.

Nous constatons que sur la période qui nous intéresse, chaque année le nombre des naissances a toujours été supérieur au nombre des décès sauf pour 5 années : 1817, 1832, 1842, 1846 (les chiffres s’équilibrent) et 1848.
Le renversement de tendance constaté en 1832 et 1842 correspond aux années durant lesquelles Leers a connu des épidémies notamment celle du choléra en 1832.
En 1842 le nombre de décès a augmenté de plus de 50 % par rapport aux années précédentes. L’épidémie qu’a connu notre cité a été très dévastatrice et a touché beaucoup d’enfants, comme vous l’indique le relevé des décès de l’année 1842 qui s’établit comme suit :
Classification par sexe
Janvier | 9 | Féminin | 52 |
février | 17 | Masculin | 39 |
Mars | 8 | Non défini | 5 |
Avril | 14 | ||
Mai | 7 | ||
Juin | 10 | ||
Juillet | 7 | ||
Août | 3 | ||
Septembre | 3 | ||
Octobre | 7 | ||
Novembre | 4 | ||
Décembre | 7 |
Par tranche d’age
sans vie | 8 | 21 à 30 ans | 6 |
moins 1 mois | 9 | 31 à 40 ans | 7 |
1 à 6mois | 7 | 41 à 50 ans | 5 |
7 à 12 mois | 8 | 51 à 60 ans | 2 |
1 à 2 ans | 7 | 61 à 70 ans | 4 |
2 à 5 ans | 11 | 71 à 80 ans | 6 |
5 à 10 ans | 11 | 84 ans | 1 |
10 à 15 ans | 2 | ||
16 à 20 ans | 1 | ||
soit 64 enfants | soit 32 adultes |
Des familles ont été particulièrement éprouvées par cette épidémie :
Le meunier DECOURCELLE a perdu 3 enfants :
- Anne Marie Philomène, 5 ans le 8 janv.
- Adeline Joseph, 3 ans le 10 fév.
- Zénobie Augustine, 7 ans le 11 juillet
Le tisserand BROUSSE a perdu sa femme et sa fille :
- Marie Joseph Fontaine 43 ans le 26 août
- Catherine Joseph 9 semaines le 5 septembre
Le tisserand DELREUX a perdu 3 enfants :
- Victoire Joseph 2 ans le 10 fév.
- Marie Catherine 7 ans le 17 avril
- Alexandre Joseph 5 ans le 29 avril
Le tisserand DUFERMONT a perdu 3 enfants :
- Clémence Joséphine 2 ans le 9 mars
- Caroline Joseph 4 ans le 20 juin
- Silvie Joséphine 5 semaines le 18 juillet
La cultivatrice DUTHOIS a perdu son mari et sa fille :
- Henry Isaac Jacob 40 ans le 26 mai
- Catherine Joseph 8 ans le 3juin
Le tisserand LIAGRE a perdu 2 enfants :
- Delphine Joseph 4 ans le 23 mars
- Emile Joseph 6 ans le 8 avril
Le tisserand RUCQUOI a perdu 2 enfants :
- —– sans vie le 11 mai
- Nathalie Joseph 3ans le 15 juin
Le tisserand SEGARD A perdu ses 2 enfants jumeaux :
- Jérémie Joseph 10 jours le 27 février
- Anne Marie Joseph 10 mois le 24 décembre
D’autre part le soldat FAUVARQUE Prosper Joseph est décédé le 9 septembre à l’hôpital civil de la commune de Uzès, à l’âge de 21 ans.
Autre constatation relevée dans ces graphiques, la hausse importante des mariages en 1813.
Que s’est-il donc passé ?
Souvenons-nous (petit rappel historique) :
17 mars 1813 : la Prusse déclare la guerre à la France;
15 avril 1813: Départ de Napoléon pour l’Allemagne;
15 août 1813: l’Autriche déclare la guerre à la France;
9 nov. 1813: Retour de Napoléon à Paris.
En 1813 : arrêté du Préfet du Nord relatif à la mobilisation de la Garde Nationale: le contingent est fixé à 6000 hommes à prendre parmi les hommes célibataires de 20 à 40 ans.
Nous profitons de cet arrêté pour rappeler les méthodes employées lors des recrutements :
1792: les soldats sont désignés par « élection à la pluralité des voix ».
1798: la loi Jourdan fit appel à la sélection par l’âge. Les plus jeunes étaient appelés les premiers.
1802: la loi du 8 Nivose de l’an XI en revint au système antérieur, le tirage au sort.
1872: la loi fut modifiée. La personne ayant tiré «un mauvais numéro» pouvait en toute légalité trouver un remplaçant.
1905: le 21 mars fut institué le service militaire obligatoire.
En cette période de troubles, à Leers comme ailleurs, bon nombre de célibataires n’ont pas hésité à se marier afin d’éviter le tirage au sort et le départ dans l’armée napoléonienne.