LEERS ET SES LIEUX-DITS

Quels sont ces lieux-dits du village de Leers en 1825 et 1890

Leers France d’une superficie de 540 hectares, 35 ares et 71 centiares, uni à Leers-Nord représentait une surface de 940 hectares. 

Sur cette vaste étendue étaient éparpillés des hameaux considérables. 

18251890
Trieu du CarrienLes Trieux du Carihem
DubuissonLe Buisson
PépinièreLa Dédicace
Le CoulombierLe Vert Bois
La Belle FosseLa Belle Fosse
La PapinièreLa Papinière
LetocoisLetocois
La Fosse de l’ApprevilleLe Catillon
GibraltarGibraltar
Les Sept BonniersLes Sept Bonniers
La Croix Bazulante & Petit TourcoingPetit Tourcoing
HipidenneLe Nouveau Monde
Le VillageLe Village
Couture de la PlaceLa Rosette et Le Vieux Bureau
La MotteletteLa Mottelette
La Couture de l’AvrilLa Couture d’Avril
Trieu de LeersTrieu de Leers
La CouturelleLa Marlière

C’est ainsi que dans les années 1900 nous trouvions : 

Du Côté de Néchin : La Grande Frontière ; le Gibraltar, la Bassée.  

Du Côté de Leers-Nord : La Petite Frontière ; le Nouveau Monde ; le Vieux Bureau.  

Du Côté de Wattrelos : Le Triez de Leers ; le Grimonpont.  

Du Côté de Roubaix : Le Buisson  ; le Triez de Carihem. 

Du Côté de Lys : la Dédicace ; le Vert Bois.  

Du Côté de Toufflers : La Papinerie  

Au Centre : Les quartiers de : la Rosette ; la Mottelette ; du Nouveau Monde ; du Bureau ; du Petit Tourcoing et du Lotoco .  .Le plan cadastral parcellaire de la commune de Leers commencé par Mr Ch. Dachier, géomètre, et terminé par Mr Lomboit, géomètre de 1ère classe, mentionne la date de 18.5. Nous pensons à l’année 1825 pour les deux raisons suivantes :

La mention «Pays-Bas» peut la définir historiquement. La France occupe les «États Belgiques Unis» en 1815. Elle crée de ses anciennes provinces réunies un « Royaume des Pays-Bas » pour le Comte Guillaume d’Orange qui devient Guillaume 1er, roi des Pays-Bas et Grand-Duc de Luxembourg.

À la révolution du 04/10/1830, création d’un gouvernement provisoire de l’indépendance.

Le 21/07/1831, serment de Léopold 1er, roi des Belges du Royaume de Belgique.

La configuration du canal de Roubaix n’existe pas, chose normale puisque la section entre la Belgique et la place de Roubaix fut inaugurée en 1843.

Et, vous serez surpris de découvrir au milieu de ce plan : «Tissage mécanique de M.M. Motte Bossut». Ce tissage de coton fut construit en 1871 !

Nous pensons que cette indication fut inscrite postérieurement pour mettre en valeur l’industrialisation naissante dans le village de Leers. Il faut attendre 65 ans pour l’élaboration d’un nouveau plan cadastral, réalisé en 1890.

Découvrons ce plan de 1825.

D’abord les 4 courants d’eau : le Bec du Carrien à Wattrelos ; le courant d’eau de l’Espierre ; le courant dit « le rieu » ; le courant dit «le riez d’Outrebecque».

Ensuite les 3 moulins : Un tordoir ; un moulin à blé (ferme de Quévaucamp) ; un 2ème moulin à blé (ferme du Colombier).

3 chemins de « grande communication » traversent de part en part le village :

  • Chemin de Roubaix à Leers : Il débute par le pont Caudron et se poursuit par le chemin du hameau de Carrien à Leers.
  • Chemin de Lille à Audenarde : Départ à Lys-lez-Lannoy jusque-là frontière de Leers Nord.
  • Chemin de Wattrelos : Du pont du Grimonpont au village et son église.

Autour de ces 3 axes gravitent les chemins vicinaux et ruraux :

  • Chemin de Roubaix ;
  • Chemin du Hameau de Carrien ;
  • Chemin du Bec de Carrien à Wattrelos ;
  • Chemin du Gauquier ;
  • Chemin de Lannoy à Wattrelos ;
  • Chemin de Lys à la Ferme du Colombier ;
  • Sentier de Lannoy à Leers ;
  • Carrière de la Maison Blanche ;
  • Sentier de la Pépinière à l’église ;
  • Sentier de Néchin à Leers avec le petit pont « Planche Couvreur » ;
  • Chemin vert ;
  • Carrière du Quesnoy à la Ferme de l’Horme ;
  • Chemin de Toufflers au Fresnoy ;
  • Chemin de Leers à la Ferme Delbecq ;
  • Ruelle du sentier de Leers Nord, chemin des Morts ;
  • Rue des Femmes grosses ;
  • Sentier de la Mottelette à la Frontière ;
  • Chemin du Moulin à l’Avril ;
  • Chemin de l’Avril ;
  • Chemin du Rieu ;
  • Chemin de Leers à l’Avril.

Aujourd’hui nous découvrons encore des chemins ou portions de chemins bucoliques « en l’état » comme jadis :

  • le chemin de Leers à l’Avril (chemin du trieu de Leers) ;
  • le chemin du Bec de Carrien à Wattrelos (chemin des chasses) ; 
  • la ruelle du sentier de Leers (sentier du Petit Tourcoing) ;
  • le chemin Vert (rue de Gibraltar).

En superposant le plan d’aujourd’hui nous sommes stupéfaits de deviner les chemins d’autrefois :

  • la rue des Femmes grosses (rue Jean Jaurès) ;
  • le chemin des Morts (rue Aurèle Guénard) ;
  • le sentier de la Pépinière à l’église (rue Roger Salengro) ; 
  • le chemin du Hameau de Carrien (rue Pierre Catteau).
Interrogeons l’Histoire pour découvrir l’origine de ces noms

On appelle Triez (Trieu), des espaces de terrain autrefois couverts par les eaux des riez (rieu), becques ou ruisseaux qui, abandonnés par les eaux, étaient le plus souvent laissés à l’usage public.

On donne le nom de Triez aux quartiers baignés par ces eaux. 

Le Triez de Leers.

Le Triez de Carihem,  sur les bords  de l’Espierre de même Leers-Nord  s’appelle les « Longs Trieux » (L’Long Tri). Les habitants des villages voisins donnaient sans doute le nom de «Terrain vague» ou de «Leers». Leers tire son origine du mot allemand Leer qui signifie «vide, vague» (terrain marécageux boisé – marais). Un historien affirme que dès 863, Leers était un village du Ferrain dans la Châtellenie de Lille. Rien d’étonnant d’ailleurs, car ce pays du Tournaisis fut un des premiers peuplés par nos aïeux, les Francs.

Les Armes de Leers à travers l’histoire furent celles de I’Abbaye d’Hasnon, qui était le seigneur du lieu et qui lui donna son blason. En termes héraldiques : «de sable (noir) à quatre clefs d’argent (blanc) mises en pal deux à deux». Leers fut surtout connu dans les temps anciens par les châteaux et les censes qui se trouvaient sur son territoire, d’après l’historien Théodore Leuridan.

Cense de Quévaucamp (camp de chevaux)

Elle se trouvait au Chemin du Carrien à Leers. Elle était entourée d’un double fossé avec un pont-levis qui défendait l’entrée de la ferme. Ils furent bouchés par le fermier Louis-Joseph Salembier, Maire de Leers de 1808 à 1815 et de 1821 à 1831. Henri Salembier, censier de Quévaucamp a été maire de Leers de 1848 à 1890.

Le Prêt – «La Motte au Pré» ou Maison Blanche

Se trouvait à la Carrière de la Maison Blanche. En 1792 la Maison  Blanche  fut reprise par la famille Courier  et transmise ensuite de père en fils. Louis Courier, censier de la Motte au Pré fut Maire de Leers de 1891 à 1916.

La Becque (ruisseau en flamand)

Le château de la Becque était très fortifié. La grande partie des terres se trouve sur Leers-Nord.

La Haverie (avoine)

En flamand : Haver ; en allemand : Hafer. À la fin du 14ème siècle, le seigneur de la Haverie était Pierre de Beaurepaire. Dans son étude sur les vieilles seigneuries et les vieilles censes, Monsieur Leuridan nous a laissé quelques noms des plus anciens censiers de la Haverie dont en 1837 Napoléon Favier -Duthoit qui a également été Maire de Leers de 1840 à 1848.

Le Carihem

Se trouve au chemin du Hameau du Carrien. Carihem peut se décomposer en Kari ou Cari et Hem. Hem est un mot d’origine germanique qui signifie demeure ou logis. Le préfixe « Cari » est sans doute une forme de nom propre. Il est la contraction de « Caroli » = Charles. Carihem pourrait signifier : Terre de Charles. Le lieu de Carihem, situé à Leers sur les Confins de Roubaix, faisait partie du gros fief de Roubaix en 1595. Le Triez de Carihem était annexé au Marquisat de Roubaix. Les Seigneurs de Carihem n’étaient autres que les Seigneurs ou Marquis de Roubaix.

Au 18ème siècle la ferme appartenait à la famille de Rohan. Madame Charlotte-Elisabeth de Rohan-Soubise, décédée le 2 mars 1760, était la fille du Maréchal de Soubise et l’épouse de Louis-Joseph de Bourbon, Prince de Condé et Prince de sang.À la Révolution, les biens furent séquestrés par la République (cf. livre de l’Abbé Monteuis).

Le Coulombier

Se situe au Chemin de Lannoy.

Monsieur Leuridan nous signale cette ferme comme une simple cense. Sa situation, son aspect, son domaine, ses murs épais entourés de larges fossés nous laissent supposer qu’elle fut jadis, un château féodal et même un fief important. Dans un acte de vente du 17 novembre  1732, elle fut appelée «Seigneurie du Colombier à Leers». Dès l’année 1799, la ferme fut exploitée par Pierre-Joseph Delannoy. Elle fut transmise à son fils Pierre-François Delannoy-Fourez qui fut Maire de Leers de 1832 à 1840, année de son décès.

La ferme : le château de Bretagne

Nous la trouvons rue des Femmes Grosses. Le seul nom de cette ferme nous indique son importance dans les temps anciens. Ce château remonte sans doute à l’époque de la guerre de Cent Ans pendant laquelle les Bretons vinrent guerroyer en Flandre. Nous retrouvons d’ailleurs, dans les annales de l’église de Leers, l’intervention des Seigneurs de Bretagne. La ferme de Bretagne fut exploitée pendant de nombreuses années par la famille Braquaval. Jacques Braquaval (1737 – 1810) fut le premier Maire de Leers en 1790. Il avait épousé Monique Joseph Doutreligne de Lys-lez-Lannoy. Sur son emplacement a été construite l’école Alice Cotteaux. 

L’Haubel

La seigneurie de l’Haubel, sise à Leers dont relevait la cense de Salines, située en Belgique.

La ferme de l’Horne

Elle est située à la carrière du Quesnoy.

Fief de la Motterie (manoir)

Au départ c’était « Moictuerie » puis « Moituerie » pour devenir enfin de la Motterie.

La Carnoye

Elle confinait au fief du Prêt.

La Mottelette

Au Seigneur de Mouscron.

En 1521, il existe une taverne que l’on appelle «La Mottelette» (jeu de boules et jeu d’estiquette).

Chemin des Morts

Aujourd’hui rue Aurèle Guénard.

Le 17 février 1814 Leers-Nord fut attribué à la Province du Hainaut et au District de Tournai. Templeuve resta le siège de la justice de paix. Les limites ne furent fixées qu’en 1819. Ces partages n’avaient rien changé à la situation du Curé de Leers. Il notait les naissances sur deux registres. Les morts y étaient apportés par le chemin qui a conservé le nom de Chemin des Morts. Il reliait la place actuelle de Leers-Nord et le chœur de l’église de Leers-Sud.

Epidème (hameau du Vieux Bureau)

En janvier 1742 se déclara une épidémie qui, en 13 mois, enleva 134 personnes, la plupart d’âge mûr. Au cours des seuls mois de décembre 1742 et janvier 1743 il y eut 58 morts alors que la moyenne annuelle était de 36 morts. C’est sans doute à l’occasion de cette épidémie que l’on enterra les morts à 500 mètres de l’église, dans un cimetière spécial, près de la Croix des Bergers.

Papinière

Le riez traversait un petit bois, une modeste pépinière. Le hameau eut le nom de Papinière.

Hameau du Trieu de Leers 

 Ce hameau était relié par le « Pavé de Leers » qui fut construit en février 1861. Il conduisait au village de Wattrelos, passant au Grimonpont, dans une plaine, au bord d’un courant d’eau dit : « le Ruisseau dit les Pierres » (cf. carte des frontières de Calais à Mertzig de 1773) par la suite appelé «l’Espierre» et d’un pont dit à l’époque : « Pont de Gris mon Pont » aujourd’hui devenu le «Grimonpont». 

La Croix Bazulante 

Aujourd’hui la Croix des Bergers. 

Comme vu précédemment, à cet endroit, un champ a servi à enterrer les morts de l’épidémie de 1742. 

Rue de Femmes Grosses 

Nous n’avons pas trouvé à ce jour l’origine du nom de cette rue. 

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Nous venons de voir l’ensemble des lieux-dits, des censes et châteaux de notre commune. Il nous a semblé intéressant de s’attarder un peu sur quelques censes et châteaux se trouvant sur le territoire de Leers-Nord dont l’histoire est étroitement liée avec notre commune. 

Les Wattines  

La cense et seigneurie des Wattines appartenait en 1628 à Jeanne de Fourmestraux, veuve de Jacques Bretelle, dame de la Becque et des Wattines. Au commencement du l8ème siècle elle était occupée par J.B. Lézy qui épousa en 1708, Anne de Braquaval. 

 La Cense de Salines 

Cette ferme située dans le voisinage de la ferme de la Becque consistait en un manoir amassé de maison, grange et étable.

 Le Château de la Royère 

 Plusieurs auteurs et guides placent à Leers la Seigneurie et le Château de la Royère dont les ruines sont de fait sur le territoire de Néchin, en Belgique. Il convient de remarquer que cette Seigneurie étendait son domaine sur Néchin et sur Leers et que ses ruines sont à la frontière de Leers France et de Leers Belgique. En 1297, Philippe Le Bel, venant guerroyer en Flandre y plaça une garnison qui fit beaucoup de mal aux Flamands. Le château subit à travers les siècles toutes les péripéties des guerres entre Français et Flamands. En 1477 il fut brûlé, ainsi que le village, par les Français et les compagnies bourgeoises de Tournai. Le 25 mai 1792 il y eut un engagement à la Royère de Néchin entre  les Français et les Autrichiens. L’antique forteresse forme un décagone dont les angles sont flanqués de six grosses tours saillantes et de cinq échauguettes (petites tours).  Le vieux chastel est entouré de larges fosses envahies par les herbes et en partie comblées. À ce jour ses ruines sont toujours visibles.