Le Patrimoine industriel

Dès le début de l’industrialisation, pendant la saison où le travail des champs ne réclame aucun bras, les leersois se mettent à confectionner chez eux, dans leur ouvroir, des pièces de tissus dont les fabricants leur fournissent les fils. Mais les tissages mécaniques ont vite fait concurrence au travail en famille.

Les établissements MOTTE BOSSUT

En 1869 une importante filature de coton est construite sur le territoire de Leers par la famille des industriels MOTTE BOSSUT

Pauline BREDART

Louis MOTTE, fils de Jean-Baptiste et Pauline BREDART, fait construire cette usine.

La direction en est confiée à Léon et Louis, fils de Louis MOTTE et de Adèle BOSSUT

Façade intérieure
Façade intérieure
Façade intérieure
Ancre situé sur la façade de l’usine coté Avenue de Verdun

L’Usine a cessée ses activités en Juillet 1982

Une partie du site est actuellement occupée par l’entreprise SWETCO, le reste des bâtiments par des associations sportives

Les établissements PARENT

Les établissements PARENT ont été créés à Lannoy en 1821, par M. et Mme PARENT-MONTFORT. Ils ne comprenaient, au moment de leur création que des métiers « à main ».

Malgré des périodes difficiles traversées, les fondateurs modernisèrent petit à petit leur matériel. Ils surent suivre la marche du progrès.

En 1869 l’affaire fut mise en société et quelques années après M. Albert PARENT, fils des fondateurs en devint le seul propriétaire.

Il fit prendre à l’affaire une grande extension avec la construction de l’usine de Leers en 1901 dans le hameau de la Papinerie (actuellement rue du Capitaine-Picavet).

Cette usine est appelée aussi le « Transvaal », province d’Afrique du Sud qui fournissait en laine l’usine dont la construction date de l’époque de la guerre en cette région.

Mr PARENT conserva la direction générale jusqu’en 1921, date de la transformation en société.

A cette époque la fabrication comprend : le tissage des couvertures, couvre-lits, ainsi, que de divers genres d’étoffes pour ameublement.

L’usine PARENT fut réquisitionnée et pillée le 31 octobre 1914. Les Allemands y trouvèrent des couvertures toutes faites qui leur vinrent bien à point dans les tranchées. Ils en confectionnèrent d’autres avec les matières premières dont les ateliers étaient abondamment pourvus. La commune fut chargée de payer les ouvriers et le charbon.

Au mois de mai 1917, les Allemands dépouillèrent l’usine de ses dernières matières et de ses instruments de travail, et la transformèrent en lazaret pour les chevaux. (un lazaret est un établissement ou s’effectue le contrôle sanitaire dans une région frontalière).

Le travail de reconstitution après l’armistice fut des plus difficiles, car il fallut regarnir entièrement l’usine de nouveaux métiers. Cette remise en état s’effectua relativement très vite, puisque l’occupation ayant cessé en octobre 1918, moins d’un an après, c’est-à-dire en juillet 1919, l’usine de Leers commençait déjà à redonner du travail à quelques ouvriers.

A la fin de cette même année 1919, les métiers battaient au complet.

A la fin des années 80, l’usine est rachetée par le holding Faramud. L’usine prend alors le nom de Faratex.

Au début des années 90, la couverture traditionnelle fabriquée à l’usine de Leers a été fortement concurrencée par la couette.

Face à l’apparition de la couette plus pratique et plus « mode », l’entreprise a réagit vite en créant des produits plus techniques a plus forte valeur ajoutée.

En 1996, la couverture polaire est apparue encore plus redoutable que la couette.

Face à cette concurrence, Faratex a été contraint de mettre en place plusieurs plans sociaux et finira par cesser définitivement son activité au premier trimestre 2005. Il ne restait plus alors que 20 personnes sur le site.

La démolition du site a ensuite été décidée afin de commercialiser les terrains et de ne pas laisser une friche industrielle de plus.

La destruction du site a débuté en mai 2005.

Et le 6 décembre 2005, il ne restait debout que la tour dite « Transvaal », une cheminée château d’eau construite au début du siècle. Après avoir montré quelques résistances cette cheminée est finalement tombée vers 15h30.

Etablissements JEAN DEFFRENNE

C’est en 1929 que les Ets Moreau entreprirent la construction d’une usine de retraitement des déchets textiles au Trieu du Carihem à Leers. L’installation d’effilocheuses, de barboteuses, de rinceuses, de séchoirs et de battoirs servaient au traitement de débris de chiffons, de bourres de poils et de déchets de laines en vue de leur réutilisation dans la feutrerie, la bourrellerie ou la matelasserie.

En 1960 la société roubaisienne Jean Deffrennes, transfère une partie de ses ateliers sur le territoire de Leers dans les bâtiments des Ets Moreau qui avaient cessé ses activités.

Cette entreprise était spécialisée dans la draperie fantaisie, impliquant un esprit de créativité et un suivi de la qualité pour produire des articles de haut de gamme. Elle disposait pour cela du matériel et du personnel nécessaire.

A partir de juin 1975, les activités de tissage des usines de Roubaix et de Leers sont regroupées à Leers et ainsi les trente métiers de Roubaix sont arrivés à Leers.

Associée au groupe des frères SCHLUMPF, la S.A. Jean DEFFRENNE et Cie a dû déposer son bilan en 1977. Les deux usines furent occupées pendant plus d’un an par le personnel.

En 1978, après la liquidation des biens, pour tenter de relancer l’activité, une nouvelle société est créée, la S.A. tissages DAMPIERRE qui devient propriétaire du matériel, du stock et de la marque, les municipalités de Roubaix et de Leers s’engageant à racheter les bâtiments si au terme d’une période de 23 mois la Société DAMPIERRE n’était pas en mesure d’assurer elle-même cette acquisition.

Les objectifs de production étaient de 700 000 mètres de tissus en 1979, soit à peu près le tiers de la production de 1’ancienne société, avec la réembauche progressive des 90 salariés.

Le contexte économique ainsi que les difficultés financières n’ont pas permis à cette nouvelle société de survivre.

Vers 1980 la Sté Lesne (commercialisation d’objets en cuivre, bronze, étain, etc.) et la Sté Wittendal reprennent les bâtiments ; celle-ci, fabricant de métiers à tisser industriels essentiellement destinés à l’exportation, quitte le site pour s’installer à Roncq vers 1990.

Les Etabilssements DEPRAT

En 1929 Jean DEPRAT n’hésita pas à quitter son emploi pour fabriquer dans son garage des charnières pour volets roulants en bois, les célèbres « roubaisiennes », à partir d’outillages qu’il réalisait lui-même.

Le coup d’envoi était donné. Certes, les aléas furent nombreux. Et 1946 marquera le véritable lancement de la société grâce à une politique de diversification.

Et, d’années en années, d’événements en événements, la société Jean DEPRAT prit sa dimension.

  • 1949 : avec son fils aîné Jean-Pierre, Jean DEPRAT décide de se spécialiser dans la fabrication de composants pour fermetures et de faire construire le premier bâtiment.
  • 1956 : construction du second bâtiment et achat de presses pour accroître la production.
  • 1958 : date fétiche ! Avec l’acquisition de presses à injecter les matières plastiques, la société DEPRAT est la première à fabriquer un mécanisme de volet roulant entièrement en polyamide.
  • 1961 : François-Xavier entre dans la société et en 1963 Jean DEPRAT crée une S.A. avec ses 2 fils, ce qui aide au développement de l’entreprise.
  • 1975 : Création d’un atelier de traitement de surfaces de l’aluminium.

Au fil des années, la société Jean DEPRAT s’est équipée de toutes les machines nécessaires à sa production.

De la transformation des matières premières à l’assemblage final, elle s’est spécialisée dans les mécanismes et composants de fermetures pour bâtiment.

La production est répartie de la manière suivante :

  • 70 % destinées aux volets roulants,
  • 10 % aux volets battants,
  • 10 % aux portes à déplacement latéral,
  • 10 % aux jalousies, stores, persiennes etc…
La station d’épuration du Grimonpont

Avec l’industrialisation des villes de Roubaix et de Tourcoing, les cours d’eau ; le Trichon, l’Espierre et son affluent le Berkem charrient la pollution des entreprises et des villes dont la démographie galopante augmente la surface habitable au détriment de la campagne.

Les eaux usées s’écoulent vers le point le plus bas qui se situe à la limite de wattrelos-Leers au Grimonpont.

Puis les eaux poursuivent leur route vers la Belgique pour se jeter dans le fleuve Escaut qui de ce fait se trouve pollué.

D’autres problèmes sont engendrés. Le Berken sert de frontière naturelle mais aussi traverse des frontières artificielles entre Tourcoing et Mouscron, entre Wattrelos et Herseaux. Pour corser le tout, les ruisseaux devenus riez provoquent des inondations aux odeurs nauséabondes.

En 1861, le gouvernement belge propose de nommer une commission internationale chargée d’examiner la question de l’épuration de l’Espierre.

Le 21 octobre 1863 suite à des arrêtés préfectoraux, le « syndicat de l’Espierre » se constitue. A l’origine deux villes Roubaix et Tourcoing participent au curage et à l’entretien du grand Espierre, de l’Espierre, du Trichon et du riez St Joseph afin de calmer les voisins belges. Ceux-ci menacent de construire un barrage sur le cours de l’Espierre, juste après la réunification avec le Berckem (au Grimonpont), ce qui provoquerait alors un marais d’eaux usées porteur de toutes les infections. Ce barrage serait construit à Leers-Nord.

Le 22 février 1887, le Président de la République, Jules Grévy signe un décret annonçant que l’Etat et les villes dont l’industrie pollue , financent la construction d’une station d’épuration au Grimonpont.

Le 11 mars 1887 le Roi Léopold II reçoit le préfet du Nord M. Saisset-Schneider. Pendant ce temps le Maire de Wattrelos D. Pollet proteste auprès du Préfet car il souhaite que les villes de Roubaix et Tourcoing construisent la station d’épuration dans leur commune.

En mai 1886, dans son rapport l’ingénieur H. Barrois de Tourcoing présente un projet original pour l’époque. Avec les boues retenues dans la station on pourrait créer une usine à gaz : « le gaz de l’Espierre », le projet ne fut pas retenu.

Enfin l’administration des Ponts et Chaussées a en charge la construction de cette station d’épuration, ainsi que l’amélioration du cours de la rivière Espierre avec la construction de ponts au Sartel et au Grimonpont.

Le traitement des eaux

Une superficie de 7 hectares en bordure de l’Espierre sera réservée pour une moitié à la réception des boues et pour l’autre à la construction d’un barrage de retenue des eaux. Celles-ci seront amenées par des pompes dans 18 bassins d’où l’on retirera les matières organiques. Puis l’ensemble sera décanté par du lait de chaux avant de rejeter les eaux dans la rivière l’Espierre pour rejoindre la Belgique.

La chaux sera produite également sur place dans un seul four d’une production de 20 tonnes jour et qu’il faudra construire.

En 1889, dès la 1ère année on remarque que ce nouvel outil de travail pour la dépollution est inadapté. Prévu pour 10 000 m3 jour, le débit de l’Espierre est maintenant de 125 000 m3. Problème crucial : que faire des boues ?

Les autorités belges doutent de l’efficacité de la station car la pollution arrive toujours chez eux et pour cause, la station ne fonctionne pas la nuit.

Le 9 mai 1892 un document arrive au Ministère de l’Agriculture belge : le système d’épuration du Grimonpont est inefficace ; l’Espierre charrie journellement vers l’Escaut du sulfate d’amoniaque, de l’acide sulfhydrique (acide formé de souffre et d’hydrogéne) et il flotte odeur de putréfraction nauséabonde.

Le 29 août 1892, le journal de Roubaix annonce une importante découverte ; un nouveau traitement des boues produira de la stéarine (pour la fabrication des bougies) grâce à un mélange d’éther et de glycérine (acide stéarique) mais la recherche n’en reste qu’au stade expérimental.

En 1894 la chaux est remplacée par le sulfate ferrique mais un an après on revient à l’utilisation de la chaux.

En 1898 un nouveau procédé avec de l’acide sulfurique et de la benzine est mis en place par la société Delattre de Dorignies les Douai et la société Khulman. Les résultats sont décevants et les propriétaires du site de l’épuration c’est-à-dire les villes de Roubaix et de Tourcoing se retirent de l’affaire le 30 janvier 1902.

La première expérience de la station d’épuration du Grimonpont se termine dans un fiasco financier et technique et les eaux infectées polluent toujours la Belgique.

Durant la guerre 1914-1918, il est constaté dès 1915 qu’en raison de l’arrêt des usines de Roubaix et Tourcoing, la contamination des eaux de l’Espierre et de l’Escaut a diminuée au point que l’eau redevient claire et poissonneuse.

En 1934, des études sont réalisées pour une reprise des activités de la station Grimonpont sur le modèle anglais de Bradford mais les événements de l’époque interrompent cette relance.

En 1935, cette infrastructure est toujours à l’abandon, mais le syndicat des pécheurs de Roubaix-Tourcoing a une idée plus qu’originale : utiliser les bassins pour la piciculture. C’est ainsi que 3 bassins de décantation sont aménagés en bassin d’élevage de poissons.

La guerre 1939-1945 arrête la réflexion sur la dépollution des cours d’eau.

Et après la guerre de 1939-1945

Il faut attendre 1961 pour que de nouvelles études soient entreprises en station expérimentale. Il faudra plus de 7 ans pour commencer à prendre des décisions sur la station d’épuration. Ces études n’aboutissent pas.

Actuellement, une nouvelle station fonctionne enfin à la satisfaction de nos voisins belges.

Les conséquences de l’industrialisation à Leers : Le Canal

Au XVIIème siècle, M. de Vauban émet l’idée d’une liaison fluviale entre la Deule et l’Escaut

1827 : Les travaux de creusement d’un canal commencent en France. Le but : assurer le transport de charbon pour le fonctionnement des machines à vapeur des usines de Roubaix et Tourcoing.

1839 : Convention signée entre la France et la Belgique pour la liaison fluviale avec la particularité suivante : La partie belge prend le nom de canal de l’Espierre, la partie française celui de canal de Roubaix.

1840 : Creusement du canal en Belgique.

10/12/1843 : Inauguration du canal de l’Espierre et du canal de Roubaix jusque Roubaix-Croix à cause du canal souterrain à réaliser à cet endroit.

1/1/1877 : Après un demi-siècle de travaux et la modification du tracé du canal, la péniche  » La Décidée « , chargée de houille, effectue la première liaison Escaut – la Deule. Le gabarit du canal de 250 tonnes est réalisé. C’est également l’année de la découverte du bassin houiller du Pas-de-Calais.

1/1/1893 : Le bureau des douanes du Grimonpont ouvre ses portes pour contrôler les péniches et recevoir les perceptions des droits de Douane sur les marchandises. Il est installé sur le territoire de la commune de Leers face au  » pont Coulon  » il dépend de la brigade de Wattrelos et non de Leers . (le pont Grimonpont est sur l’Espierre)

1901 : La Société Chimique Roubaisienne s’installe au bord du canal, c’est l’ancêtre de Kuhlmann. Son but est de réaliser des acides sulfuriques et chlorhydriques pour les industries de Roubaix, Tourcoing et environ. L’usine Kuhlmann fait décharger du phosphate en provenance du Maroc.

28/12/1912 : La brigade du Grimonpont sollicite le maire de la ville de Wattrelos, M. Henri Briffant, pour une petite faveur pécuniaire en vue d’installer des cabanes-abris (les aubettes).

17/10/1918 : à 18 heures les soldats allemands font sauter le pont du Grimonpont et les bureaux de douanes sont endommagés, les pavés de la chaussée sont projetés dans un rayon de 800 mètres. Le canal est à sec le lendemain , les écluses de Leers-Nord ont été détruites .

de 1919 à 1940 : Le passage des péniches fut de l’ordre de 30 à 40 par jours.

1971 : L’aubette des douaniers située à l’opposé du bureau de douane est transférée au service des voies navigables.

1973/1976 : II fut projeté par la CUDL de construire un canal à grand gabarit, ce projet fut abandonné au profit de la Lys dans la région d’ Armentières.

27/02/1975 : Le receveur des douanes, M. Henri Fougnies, un leersois, fait la dernière déclaration à l’importation du bureau des douanes fluviales du Grimonpont.

1983 : L’usine Kuhlmann ferme définitivement ses portes. Les péniches cessent les rotations de déchargement.

5 juillet 1985 : Une péniche hollandaise emprunte 1’écluse du Grimonpont de Leers-Nord, elle sera immobilisée car son hélice se bloque dans les spires d’un matelas. Ce fut la dernière à vouloir se rendre au Grimonpontt, elle transportait du sel.

Après un drainage des boues en 2005, remise en navigation pour les bateaux de plaisance ( La Décidée )